La réussite de l’Occident face à l’Orient est paradoxale : au XVIe siècle les pays d’Europe qui domineront le monde au XIXe siècle sont des barbares aux côtés des civilisations orientales. Leur réussite tient en une stratégie dont la robustesse n’a cessé de s’affirmer : un État stratège qui a compris que toutes les activités ne se valent pas ; qu’il n’y a pas d’abondance sans puissance ; que s’imposent la maîtrise de la finance et de l’influence délétère des rentiers ; et que le soutien à l’innovation s’ancre dans la philosophie des sciences. D’empirique, cette stratégie est devenue explicite et théorisée, comme en témoigne l’abondance des débats de stratégie depuis la Renaissance. C’est cette vitalité intellectuelle qui a permis aux pays d’Europe puis aux États-Unis d’accéder à la puissance mondiale. Cette puissance est allée jusqu’à prêcher le faux pour éviter que les pays émergents ne copient leurs recettes gagnantes. Cette stratégie arrive à son terme : les émergents comprennent les vrais recettes de la croissance tandis que l’Occident s’est auto-intoxiqué avec des théories qu’il destinait uniquement à l’exportation. L’analyse de ces trois siècles de débats de stratégie éclairent d’un jour particulièrement éclairant les enjeux mondiaux actuels.
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