MUHAMMAD HAYTAMI
Abû l-'Abbâs, Shihâb al-Dîn Ahmad b. Muhammad al-Haytamî naquit en 1504 dans le village d'Abu Haytam, situé à l'ouest de l'Égypte, non loin de la ville d'al-Mahalla al-Kubrâ, dans la province de Gharbiyya. On rapporte que son surnom d'Ibn Hajar (litt. Fils de la pierre) est une référence à son grand-père qui gardait constamment le silence.
Après avoir perdu son père très jeûne, il fut pris en charge et éduqué dans les sciences exotériques et la connaissance spirituelle (ma'rifa) par les deux maîtres spirituels de son père : Shams al-Dîn Muhammad al-Sûrî, plus connu sous le nom d'Ibn Abî al-Hamâ'il, et Shams al-Dîn Ahmad al-Shinâwî. Ce dernier l'emmena à Tanta, au mausolée de Sidi Ahmad al-Badawî où il entama son apprentissage des sciences religieuses, dont la mémorisation du Coran. Puis, à l'âge de quatorze ans, il lui fit rejoindre la prestigieuse université al-Azhar du Caire et le confia aux sommités de l'époque, principalement au shaykh al-islam, Zakariyâ al-Ansârî, l'élève du célèbre traditionniste Ibn Hajar al-'Asqalânî ; c'est d'ailleurs à ce titre que le célèbre surnom de « perle entre les deux pierres » (al-lu'lu' bayna al-hajarayn) fut donné au shaykh Zakariyyâ al-Ansârî. Il excella dans toutes les disciplines, surtout dans la jurisprudence de l'école shaféite dont il deviendra le muhaqqiq, c'est-à-dire parmi les rares savants aptes à certifier les avis juridiques et celui dont le point de vue est retenu en cas de divergence.
En 1530, lors de son deuxième pèlerinage, il décida de demeurer à La Mecque, certainement, entre autres, à cause de la jalousie dont il faisait l'objet en Égypte où certains s'opposaient à l'édition de ces ouvrages qu'il avait commencé à rédiger suite à un rêve, affirme-t-il, dans lequel, lors de son premier pèlerinage, al-Hârith al-Muhâssibî le lui avait ordonné. Depuis son installation à La Mecque, il ne cessa d'enseigner, d'écrire et d'émettre des sentences juridiques, jusqu'à son décès en 1567. Il est enterré au cimetière de Jannat al-Ma'alla de La Mecque, aux côtés du compagnon 'Abdallâh b. al-Zubayr.
On lui doit près de 80 ouvrages capitaux dans diverses disciplines : la jurisprudence (fiqh), avec son commentaire d'al-Minhâj d'al-Nawawî, ses compilations de sentences juridiques ; le hadith, avec des compilations et des commentaires ; de nombreux ouvrages en l'honneur du Prophète sur le bien-fondé de la visite de son noble tombeau, la célébration et les récits de sa naissance ou ses deux commentaires des panégyriques de l'imam al-Buçayrî, al-Burda et al-Hamziyya, un commentaire de la prière sur le Prophète de l'imam al-Ghazâmi.
Dans le soufisme, il est une illustration du courant dont l'imam al-Junayd est un des grands représentants avec l'imam Ghazalî, celui de la sobriété et du juste équilibre entre la Loi et la Voie, dont il perpétue la tradition au même titre qu'al-Nawawî, al-'Asqalânî, al-Sha'rânî et al-Suyûtî.
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