Entraînées d’une main de fer par Darius, les gymnastes lensoises décrochent toutes les médailles. En vedette, Louise attise la convoitise des hommes. Et des femmes. Souffrant d’une jalousie maladive, Séverine est obnubilée par la réussite de sa coéquipière. Pourtant, le sort n’est pas clément avec Louise : elle perd son petit ami, mort après avoir agonisé des jours durant. En suivant les pas du meurtrier, les enquêteurs entament une danse macabre. Accès de folie, passé traumatique et désirs compulsifs au programme. Le plus difficile sera de tenir l’équilibre.
EXTRAIT
Dans la camionnette, l’abruti tourne la tête lentement et regarde Xavier en silence, comme le jugeant, que veut donc ce moineau agité, ce papillon effrayé ? Xavier se sent bête et fait un pas en arrière, à bout d’argument, cédant déjà en pensant que finalement, il n’a qu’à rentrer à pied, ce n’est pas si loin. Il ferait comme toujours, il éviterait le conflit. Plus tard, il se sentirait un peu culpabilisé par la petite voix qui lui dirait gentiment, Xavier, tu n’es qu’un lâche, mais il se plongerait alors vite fait dans un livre, si possible ardu, et noierait la honte de lui-même dans un flot de mots, de concepts, de théories. Alors, la honte s’éteindrait toute seule, asphyxiée par le travail intellectuel. Mais là, tout d’un coup, l’image de Louise, qui se met en barrage, arrête son début de capitulation, le fait se rapprocher du camion et retaper, cette fois plus fort, sur la vitre sale de la camionnette.
– Ça suffit !
Sa voix s’affirme, le croassement redouté en est atténué.
– Ça suffit, je vous demande poliment de dégager votre véhicule !
L’abruti cette fois esquisse un mouvement indiquant qu’il se prépare à sortir de la camionnette. Xavier fait un grand pas en arrière, la peur commence à lui tordre l’estomac, il va me taper dessus. Il reste bloqué cependant sur place autant par la peur que par l’image de Louise. Tant pis, je vais me battre, me faire défoncer peut-être tant pis, pour Louise, je ne peux pas céder, je ne peux plus. L’autre descend de son siège, il a un jean crasseux constellé de taches noires graisseuses qui scintillent à la lueur du réverbère. Il s’abat sur la route lourdement et fixe Xavier avec dans le regard comme une humiliation, une excuse.
– Désolé, mon vieux, je suis bloqué, je suis mal garé, je m’excuse, j’ai pas fait attention, si vous pouviez…
La peur de Xavier s’en va d’un coup, il comprend la situation, un pauvre bougre pas futé qui a besoin d’aide. L’autre continue :
– Il me faudrait un petit coup de main, voyez, si vous pouviez, dans ma camionnette, il faudrait m’aider à dégager un truc trop lourd pour moi seul, voyez, on le mettrait sur le trottoir et alors, je pourrai pousser la camionnette, et vous serez dégagé, je m’excuse encore…
À PROPOS DE L’AUTEUR
Psychologues par vocation, Estelle et Richard Brichet sont passionnés par l’étude des pathologies mentales et des nouvelles découvertes scientifiques et thérapeutiques.
Richard Brichet est spécialisé dans les toxicomanies ; il dirige un centre médico-social. Passionné par les arts, il est guitariste et joue du rock et du blues. Côté littérature, il revendique les influences de Kerouac, Burroughs, Mankell ou encore Vargas.
Estelle Brichet travaille d’abord auprès de personnes toxicomanes, puis devient enseignante spécialisée. Elle exerce actuellement en tant que formatrice auprès de professeurs débutants, et comme psychologue au sein d’une maison d’enfants placés par la justice. Elle aime la philosophie, la science-fiction et les romans policiers, notamment ceux d’auteurs nordiques ainsi que les auteurs français comme Thierry Jonquet.
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